ActualitésPrincipales différences entre la procédure de saisie immobilière et la licitation judiciaire

14 mars 2025

La saisie immobilière et la licitation judiciaire sont deux procédures distinctes en droit français. Bien que partageant certaines similitudes, notamment la vente judiciaire d’un bien immobilier, leurs objectifs, leurs conditions et leurs déroulements sont sensiblement différents.

1. Objectifs et finalités

Saisie immobilière

La saisie immobilière est une procédure d’exécution forcée permettant à un créancier, muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible, de vendre un bien immobilier appartenant à son débiteur afin de récupérer une créance impayée. Elle est régie par les articles L. 311-1 et suivants du Code des procédures civiles d’exécution.

Licitation judiciaire

La licitation judiciaire intervient dans le cadre d’une indivision, lorsque le partage en nature du bien n’est pas possible ou lorsqu’un indivisaire souhaite sortir de l’indivision. Son objectif est de vendre le bien indivis et d’en répartir le prix entre les coindivisaires (Articles 815 et suivants du Code civil, notamment l’art. 1377 CC).

2. Déroulement des procédures

Saisie immobilière

  • Commandement de payer : Le créancier délivre un commandement de payer valant saisie immobilière, publié au fichier immobilier sous deux mois.
  • Audience d’orientation : Le juge de l’exécution (JEX) règle les contestations éventuelles et détermine les modalités de vente.
  • Vente aux enchères publiques : Le bien immobilier est vendu par adjudication et le prix distribué entre les créanciers selon leur rang.

Licitation judiciaire

  • Demande en partage judiciaire : Un indivisaire ou créancier saisit le tribunal judiciaire pour demander la vente du bien indivis.
  • Ordonnance de licitation : Le tribunal ordonne la vente par adjudication et en fixe les conditions.
  • Répartition du prix : Le prix est réparti entre les indivisaires ou créanciers selon leurs droits respectifs. Une faculté de substitution au bénéfice d’un coindivisaire est prévue par le Code civil.
3. Rôle du juge
  • Saisie immobilière : Le juge de l’exécution (JEX) supervise entièrement la procédure, tranche les contestations et rend le jugement d’adjudication.
  • Licitation judiciaire : Le tribunal judiciaire ordonne la vente et définit ses modalités sans intervenir dans la répartition finale des créances.
4. Délais et formalités

La saisie immobilière est strictement encadrée par des délais impératifs dont le non-respect entraîne la caducité des actes.

La licitation judiciaire présente davantage de souplesse dans les délais et les formalités procédurales, bien que restant soumise à certaines obligations légales.

5. Conséquences juridiques

Saisie immobilière

  • Indisponibilité du bien : Dès le commandement, le bien devient indisponible pour le débiteur.
  • Purge des hypothèques : La vente forcée entraîne la purge des hypothèques inscrites.

Licitation judiciaire

  • Effet déclaratif : La vente met fin à l’indivision avec un effet rétroactif. Chaque indivisaire est réputé avoir toujours été propriétaire de sa part.
  • Répartition du prix : Le prix de vente est partagé selon les droits des indivisaires ou créanciers concernés.

Conclusion

En résumé, la saisie immobilière permet à un créancier de recouvrer sa créance par la vente forcée d’un bien immobilier, tandis que la licitation judiciaire sert à résoudre une situation d’indivision en répartissant le prix d’un bien vendu entre les coindivisaires. Chaque procédure répond à des cadres juridiques distincts et dépend des circonstances spécifiques du litige concerné.