ActualitésL’expulsion du propriétaire occupant suite à une vente aux enchères immobilière : les différents cas

20 mai 2025

Lors d’une vente aux enchères immobilière, la question de l’expulsion du propriétaire occupant est souvent centrale. Entre dispositions du Code des procédures civiles d’exécution (CPCE), clauses du cahier des conditions de vente, et situations particulières comme la licitation, le droit encadre précisément les conditions d’éviction. Voici les points clés à retenir.

Introduction

Lorsqu’un bien immobilier est vendu aux enchères dans le cadre d’une saisie immobilière, la question de l’expulsion du propriétaire occupant se pose. Les règles applicables varient selon la législation, les stipulations du cahier des conditions de vente et la situation des occupants.

1. Le jugement d’adjudication : un titre d’expulsion contre le propriétaire saisi

Le jugement d’adjudication constitue un titre exécutoire permettant l’expulsion du propriétaire saisi, conformément à l’article L. 322-13 du Code des procédures civiles d’exécution.

Conditions préalables à l’expulsion :

  • Consignation du prix et paiement des frais : l’adjudicataire doit avoir réglé les sommes dues (article R. 322-64 CPCE).

  • Absence de droit opposable : seuls les occupants sans droit ni titre peuvent être expulsés.

2. Le cahier des conditions de vente et ses implications

Le cahier des conditions de vente peut contenir des clauses modifiant les droits de l’adjudicataire en matière d’expulsion.

  • Maintien temporaire du saisi : il peut être prévu que le saisi reste dans les lieux (temporairement ou en tant que locataire).

  • Droits au maintien dans les lieux : certains occupants bénéficient d’un droit opposable, comme ceux protégés par la loi du 1er septembre 1948.

3. Cas particulier : adjudication sur licitation

En cas de licitation entre indivisaires, l’article L. 322-13 CPCE ne s’applique pas.
L’adjudicataire ne peut donc pas expulser sur ce fondement et devra obtenir une décision spécifique.
La Cour de cassation le rappelle dans une jurisprudence constante.

4. Conséquences du non-respect des obligations par le saisi

Lorsque le saisi refuse de libérer les lieux après l’adjudication :

  • Il peut être redevable d’une indemnité d’occupation.

  • Il peut devoir verser des dommages-intérêts s’il cause des dégradations.

5. Situations particulières

a) Surenchère

La surenchère suspend les effets de l’adjudication initiale.
Le saisi redevient propriétaire jusqu’à la nouvelle vente et peut rester dans les lieux durant ce délai.

b) Expulsion en référé

Un créancier peut saisir le juge en référé pour obtenir l’expulsion avant la vente, en cas de risque de dégradation ou d’usage abusif du bien par le saisi.

Conclusion

L’expulsion du propriétaire occupant après une vente aux enchères repose sur des règles strictes, encadrées par le Code des procédures civiles d’exécution. Le jugement d’adjudication constitue en principe un titre permettant l’expulsion, mais son usage dépend de conditions légales, de clauses contractuelles et des droits éventuels des occupants.

Une analyse juridique précise est indispensable dans chaque cas.

Que l’on soit adjudicataire ou créancier poursuivant, il est essentiel de bien connaître les droits d’expulsion après une vente aux enchères. En cas de doute, un avocat en droit immobilier peut sécuriser la procédure et prévenir tout litige.